En entrant dans la salle, je ne m’attendais pas à y trouver… Et puis après tout, pourquoi pas ? Je n’en savais rien de ce qu’on pouvait trouver dans ce conservatoire. Je pense que je m’attendais trop à voir des espions surgir et d’autres choses de ce genre. L’euphorie de la première mission sans doute… Enfin, euphorie… C’était un bien grand mot. Je devais avoir regardé beaucoup trop de films de science-fiction, voilà tout.

Quoi qu’il en soit, ni espions, ni ninjas, ni gorilles vêtus de noir pour me barrer le passage. Juste… Une conteuse. Une jeune femme trônant sur une chaise, entourée d’une flopée de bambins attentifs et émerveillés. Tout autour, les parents relégués aux quatre coins de la salle et profitant eux aussi de la fable de la jeune femme.

J’avais toujours adoré les contes, aussi, je n’eus aucun mal à feindre de m’intéresser au sujet. Après tout, autant ne pas attirer l’attention. J’écoutai donc d’une oreille attentive tout en jetant un coup d’œil au tract que je tenais dans ma main. Un programme de la journée, parfait ! Ca pourrait être utile à un moment ou l’autre.

Mon oreillette grésilla à cet instant, signalant qu'elle était dorénavant active et reliée à celle de mes coéquipiers. Et en parlant de coéquipier, qu'un autre agent s'était dorénavant joint à nous. Deux bonnes choses donc.

Je résolus d’attendre la fin de l’histoire pour « fouiller » la pièce. En le faisant tout de suite, j’aurais forcément attiré l’attention. Je m’installai donc contre le mur à côté de la porte et attendis.

Je compris rapidement qu’il y aurait certainement bientôt une nouvelle histoire, ce qui ne me laissait décidément pas beaucoup de temps pour fouiller. Je regardai sortir enfants et parents, toujours adossée contre mon mur, mais constatai aussi que bon nombre restaient sur place pour attendre la suite. Une légère grimace se dessina sur mon visage, mais je retrouvai rapidement mon air neutre. Je ferais avec, tout simplement.

Je ferais avec, et ce n’était pas le moment de traîner. Mon regard se balada dans la salle comme si j’admirais l’endroit, cherchant quelque-chose de suspect, qu’importe ce que ce serait. Je ne tardai pas à repérer les employés qui venaient d’arriver. Pour les deux qui venaient de se poster devant la porte, je me dis que je n’avais rien à en tirer. En tout cas pour le moment. Le troisième par contre attira mon attention en s’approchant de la conteuse. Il semblait vouloir lui parler, et si la conversation pouvait parfaitement ne pas être d’une importance capitale, voir parfaitement inutile, je ne devais rien laisser passer.

Tout en continuant à feindre l’étude de la pièce, je me rapprochai jusqu’à être assez près pour entendre, mais pas trop tout de même, et m’assis contre un mur, les yeux rivés sur le programme que j’avais déjà lu et relu d’ailleurs, et que je parcourus distraitement. Ainsi, je pouvais facilement passer pour une spectatrice attendant le début de la prochaine histoire et souhaitant s’informer sur ce qu’elle pourrait faire après. Et je pourrais sembler ne pas m’intéresser le moins du monde à la conversation.

Rien. Choux blanc. Pas le moindre petit indice, pas la moindre phrase suspecte ! Décidément, il semblerait que l’approche employée ne soit pas la bonne… En entendant la conteuse frapper dans ses mains, je me dis que je n’avais plus rien à faire là. Je me levai en jetant un coup d’œil à ma montre et en feignant de remarquer l’heure tardive.

Que faire à présent ? Je jetai un nouveau coup d’œil à mon programme tout en gagnant la porte afin de déterminer quel lieu serait approprié pour rechercher des informations. Mon choix s’arrêta sur la salle de solfège. Les questions et inscriptions… Peut-être devrais-je… Je pourrais prétendre vouloir m’inscrire… Oui, c’était la meilleure solution qui me venait à l’esprit pour le moment, et c’est celle que je résolus de suivre en prenant la porte pour rejoindre le couloir. Arrivée là, je retrouvai le brouhahas de la foule et pris la direction de la salle de solfège.